Vigier ECOVISION
Vigier Holding 28.01.2025

La décarbonation en cours chez Vigier

Durabilité

Vigier vise la neutralité climatique pour ses activités à l’horizon 2050. Pour décarboner la production de ciment et de béton, l’entreprise mise sur l’innovation continue – avec grand succès, comme le montrent les derniers types de béton commercialisés sous le nom ECOVISION.

Le plus grand défi sur la voie du zéro net pour Vigier se situe au niveau de la production du ciment. La transformation du calcaire, matière première, en clinker de ciment libère du dioxyde de carbone. Le processus, qui s’opère à une température de 1450 °C, requiert l’emploi de grandes quantités de combustible. Autrefois, on utilisait principalement du charbon et du fioul lourd. Depuis quelques années, les producteurs de ciment remplacent de plus en plus ces combustibles fossiles par des combustibles alternatifs. À la pointe dans ce domaine, Vigier n’utilise presque plus que des combustibles secondaires depuis de nombreuses années. En 2023, leur part était de 98,6 %, alors que la moyenne de toutes les cimenteries suisses s’établit à 68 % (2022).

Les combustibles secondaires sont des matières résiduelles et des déchets revalorisables tels que les boues d’épuration séchées, le bois de récupération, la farine animale, les huiles usagées et les solvants. Toutes ces matières sont collectées et traitées par la division Altola. Une chance selon Olivier Barbery, COO de Vigier et directeur de la cimenterie de Péry: «Nos prédécesseurs ont été très prévoyants il y a 50 ans quand ils ont choisi d’opter pour les combustibles secondaires pour la production de ciment.» Plus de 40 % des combustibles secondaires sont d’origine biogène, des déchets de bois principalement. Leur combustion est climatiquement neutre. Le reste provient de sources fossiles destinées de toute façon à être incinérées. Les émissions de CO₂ ainsi produites n’ont donc aucun impact sur l’écobilan net de la production de ciment.

Vigier Betonmischer

Décarbonation: l’électrification de la flotte de véhicules y contribue également. Ici un camion à bétonnière électrique.

La principale cause des émissions de CO₂ du ciment n’est pas le besoin élevé d’énergie, mais un processus chimique utilisé dans la production du clinker: dans le four de la cimenterie, le carbonate de calcium contenu dans le calcaire est transformé en oxyde de calcium. Le dioxyde de carbone libéré lors de cette réaction est émis dans l’atmosphère. Ce CO₂ fut fixé dans les sédiments marins il y a des millions d’années. Il en résulta une baisse de température dans l’atmosphère. À l’inverse, aujourd’hui, l’émission de CO₂ dans la production de ciment contribue à un réchauffement du climat.

Moins on utilise de clinker de ciment, moins on émet de CO₂: les ciments contenant près de 100 % de clinker (CEM I) sont de moins en moins utilisés aujourd’hui. Chez Vigier, la part de ces ciments dans la production globale est passée de près de 70 % en 1997 à environ 3 % en 2023. La part des ciments CEM II, dans lesquels une part du clinker est remplacée par des additifs minéraux (du calcaire en poudre ou des scories par exemple), a augmenté en conséquence. Le tout nouveau ciment de Vigier (CEM Progresso) ne contient plus que 60 % de clinker. Le développement se poursuit d’après Olivier Barbery: «Au cours des prochaines années, nous allons mettre au point des ciments ne contenant plus que 50 % de clinker et réduire la teneur moyenne en clinker de toute la gamme de 74 % aujourd’hui à 65 % en 2030. Et au-delà, nous comptons même atteindre 60 %.»

Réduction de 50 %

L’empreinte carbone spécifique des ciments Vigier a été réduite de moitié depuis 1990 et continuera de baisser. Les grands progrès accomplis améliorent aussi l’écobilan du béton, utilisé pour construire des maisons, des ponts et des tunnels. Depuis début 2024, l’entreprise propose un béton particulièrement durable sous la marque faîtière ECOVISION. Les types de béton vendus sous cette marque présentent une empreinte carbone nettement inférieure (voir encadré ECOVISION). Pour Olivier Barbery, cette nouvelle approche est un pas important: «En termes de réduction du CO₂, nous avons une longueur d’avance sur la concurrence. Les types de béton certifiés du nouveau label démontrent qu’il est possible de construire avec une plus faible empreinte carbone.» Il souligne que de nombreux maîtres d’ouvrage ne connaissent pas encore les possibilités que leur offre le béton de dernière génération. Vigier doit maintenant faire découvrir ce potentiel et accomplir un travail de persuasion. Mais le secteur de la construction est conservateur – pourquoi renoncer au bon vieux ciment Portland, fiable et bon marché, pour essayer quelque chose de nouveau? «Respecter l’environnement n’est pas encore financièrement rentable», regrette Olivier Barbery, «mais la donne changera lorsque les prix de l’énergie et des certificats d’émission continueront de grimper. Il y a un besoin croissant de construire écologique, c’est clair.»

Et qu’en est-il du procédé CCUS («Carbon Capture, Utilisation and Storage»), cette technologie d’avenir pour le captage et le stockage géologique des émissions de CO₂ inévitables? Le directeur de la cimenterie de Péry estime que ce serait une erreur d’attendre que le CCUS résolve tous les problèmes: «Comme tous les cimentiers, nous y travaillons, mais il faudra encore 10 à 15 ans avant que de telles installations soient en service.» La question du transport et du stockage du CO₂ piégé n’a pas encore trouvé réponse en Suisse. Ailleurs en Europe, les choses avancent plus vite. Les cimentiers y ont bénéficié d’un soutien financier étatique pour accélérer l’introduction de la technologie CCUS. «En Suisse, tout prend toujours un peu plus de temps. C’est pourquoi Vigier a toujours préféré agir au lieu de placer tous ses espoirs dans l’avenir. Il faut bien que quelqu’un prenne les devants!»

Les «5c» pour moins de CO₂

Les bâtiments figurent parmi les principales sources d’émissions de CO₂. Le ciment et le béton représentent une part non négligeable de ces émissions. La neutralité climatique requiert des mesures à différents niveaux. Celles-ci sont regroupées sous la notion d’approche «5c»:

  • clinker (clinker): remplacer le calcaire par des matières alternatives telles que la cendre de papier, le gâteau de filtre ou la terre contaminée; utilisation de combustibles secondaires; captage et utilisation ou stockage à long terme du CO₂ (CCUS);
  • ciment (cement): réduire la proportion de clinker dans le ciment; remplacer le clinker par des additifs minéraux tels que le calcaire brut, la fraction fine du béton ou des scories;
  • béton (concrete): réduire la proportion de ciment dans le béton;
  • carbonatation (carbonation): enrichir le béton de démolition concassé en CO₂ et l’utiliser en remplacement du gravier;
  • construction (construction): utiliser des principes et méthodes de construction réduisant le besoin de matières et d’énergie; construire des objets faits pour durer et utiliser à plusieurs reprises les éléments en béton.

Stockage du CO₂ dans le béton

Comme à son habitude, Vigier a travaillé très tôt sur la technologie encore récente de la carbonatation artificielle. Durant l’été 2023, Vigier Beton a mis en service la plus grande installation à ce jour de stockage de CO₂ dans du béton de démolition sous le nom de «VaCarbo» en collaboration avec les entreprises de recyclage de matériaux de démolition et de production de béton alluvia AG et Neustark à Biberist. Le procédé employé consiste à piéger le carbone émis dans le béton de démolition. Développé par une spin-off de l’EPF du nom de Neustark, il permet de stocker durablement une dizaine de kilogrammes de CO₂ par tonne de béton de démolition.

VACarbo in Biberist

«VaCarbo» à Biberist: le procédé de Neustark permet à Vigier de piéger ici durablement le CO₂, gaz à impact climatique, dans le béton.

Soutenir l’électrification

Si la décarbonation est en cours chez Vigier, l’entreprise aide aussi l’économie et la société dans leurs efforts en faveur de la neutralité climatique. Dans le domaine du transport notamment: Vigier Rail est en effet la seule société suisse à fabriquer d’importants éléments pour le transport ferroviaire (voir interview, page 12). Un réseau ferroviaire efficace est la condition sine qua non d’une offre de transports publics attrayante. Une telle offre est indispensable pour atteindre les objectifs climatiques car, en termes d’émissions de CO₂, d’efficacité énergétique et d’efficience des ressources, le train fait nettement meilleure figure que le transport routier.

L’automobile est en cours d’électrification, une transformation que d’autres secteurs du transport ont déjà traversée il y a bien des années. C’est une bonne nouvelle pour le climat, pour autant toutefois que l’électricité utilisée soit produite à partir de sources renouvelables. La gestion des appareils électriques en fin de vie reste un défi. Partenaire de Swico Recycling et de la fondation Sens eRecycling, Altola récupère les appareils usagés pour les recycler. En 2023, une installation de traitement mécanique des déchets électriques a été mise en service au siège principal à Olten. Cette installation sépare les pièces métalliques des non métalliques et les plastiques recyclables des non recyclables. Ces derniers servent de combustibles, tandis que les plastiques recyclables et les métaux (précieux) rejoignent le cycle de matières.

Altola participe à la collecte et au recyclage des batteries de traction. L’entreprise les collecte dans les garages et les stocke, conditionne et transporte ensuite dans le respect des normes de sécurité les plus strictes. Les opérations de recyclage sont confiées à des sociétés spécialisées. «Pour nous, en tant qu’entreprise de recyclage, les batteries de traction gagnent en importance avec l’électrification croissante de la mobilité», déclare Thaddäus Steinmann, responsable des combustibles solides alternatifs ainsi que des déchets électriques et électroniques chez Altola. A contrario la quantité de batteries au plomb usagées ainsi que d’huile moteur et de lubrifiants va diminuer à mesure que les voitures à moteur thermique vont se raréfier. Il est essentiel qu’Altola, en tant que maillon de la chaîne de recyclage, se prépare à temps à l’évolution des flux de déchets: «Aujourd’hui, les véhicules électriques sont équipés typiquement de batteries lithium-ion. Mais leurs constituants sont en train de changer et, dans le futur, ces batteries pourraient être supplantées par d’autres à l’état solide.» Ce qui est certain, c’est que l’électromobilité ne peut être écologique que si les déchets qu’elle produit sont recyclés dans les règles de l’art.

Réduction de l’empreinte carbone

Les types de béton du label ECOVISION réduisent l’empreinte carbone par rapport au béton suisse moyen, pour des utilisations comparables, dans les proportions suivantes.

vigier-ecovision.ch
Ecovision Grafik

Un projet emblématique important

À travers le projet de construction Neuhuus, alluvia et Vigier démontrent avec brio comment le recours aux technologies les plus modernes et à des matériaux durables permet de réaliser des constructions de grande qualité, tout en respectant l’environnement. Pour les planificateurs, les architectes, les maîtres d’ouvrage et le grand public, Neuhuus est un signe fort en faveur de l’avenir de la construction.